De Guibert – « Saussure, Freud, l’aphasie : d’un point de rencontre à la linguistique clinique »

Clément de Guibert, « Saussure, Freud, l’aphasie : d’un point de rencontre à la linguistique clinique » [2004], in Tétralogiques 25 (« La déconstruction du langage »), Avril 2020.
Article disponible en ligne :  http://tetralogiques.fr/spip.php?article156
et en PDF : http://www.tetralogiques.fr/IMG/pdf/te_tra_25._03._de_guibert.pdf

Résumé
Freud s’est initialement consacré à l’étude de l’aphasie, considérée comme un trouble psychique. Il en appelle à l’époque, contre les anatomistes, à une théorie du langage pour rendre compte de cette aphasie ; parallèlement il affirme que la décomposition pathologique du langage est d’un intérêt crucial pour une théorie de cet « appareil de langage » qui deviendra « appareil psychique ». On peut se demander, avec M.Arrivé, si la psychanalyse n’est pas en partie l’élaboration de cette science du langage. Surtout Freud pose là, à propos de l’aphasie, les fondements de sa démarche clinique, transposée ensuite de manière restrictive aux troubles psychiatriques.
Peu après, dans des termes proches, Saussure convoque également l’aphasie, au moment où il délimite l’objet même de la linguistique : la faculté psychique de langage articulé, cette « faculté linguistique par excellence » précisément atteinte dans les aphasies. Selon S. Bouquet, Saussure pose, au-delà d’une linguistique générale, les fondements d’une science du psychisme, une psychologie à venir, révolutionnée par l’hypothèse de la valeur. Si Saussure n’est pas clinicien, cet apport de la clinique sera repris ultérieurement en linguistique.
À partir du rappel d’une rencontre possible et inattendue entre Freud et Saussure autour de l’aphasie, de la psychanalyse et de la linguistique autour de la méthode clinique, ce sont l’intérêt et les conditions historiques et actuels d’une linguistique clinique et d’une clinique linguistique qui sont abordés.