giuseppe d'ottavi

Joseph – Saussure

John E. Joseph, Saussure, traduzido para o português brasileiro do inglês (RU) por Bruno Turra. Apresentação para a edição brasileira por John E. Joseph. Campinas (SP), Editora da Unicamp, 2023, 904 p., ISBN 978-85-268-1621-3, R$ 198,00
Notice de l’Éditeur

La publication du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure (1916) marqua une étape décisive dans le destin de la linguistique moderne. Son influence dans les milieux (d’abord) européens, (puis) américains et (plus tard, à travers la caisse de résonance qu’a été le structuralisme français dans les années 1960) mondiaux, a été (elle l’est toujours) remarquable. A tel point qu’il est impossible de comprendre la configuration actuelle de la linguistique théorique sans se référer à ce livre – que Saussure n’avait pourtant pas entreprit de publier : il était décédé en 1913. Une histoire singulière, comme toutes les histoires, mais qui a donné naissance à un courant de pensée et d’étude hors pair, et qui ne cesse de croître.

Le XXe siècle a eu ses quatre ou cinq grands événements philologiques par rapport à ce qu’on a de bonne heure baptisé « linguistique saussurienne » : la publication des Sources Manuscrites de Robert Godel en 1957, l’édition critique de Rudolf Engler en 1967-1974, l’édition italienne de Tullio De Mauro en 1967, la découverte de manuscrits inédits en 1996, publiés en 2002 par Engler et Bouquet (conjointement avec d’autres manuscrits) dans les Écrits. En ce siècle déjà, la série des événements majeurs s’est poursuivi en 2012 avec la publication de la exceptionnelle biographie de John Joseph, discrètement intitulée Saussure, mais qui mérite d’être décorée d’un adjectif qui avait été traditionnellement réservé à l’édition critique d’Engler : la biographie de John Joseph est, autant ou plus que l’édition critique de 1967-74, « monumentale ».

Le livre, cela va de soit, ne se contente pas de recenser les aspects biographiques de Ferdinand de Saussure, mais, en les incluant, reconstruit, en clé historiographique, le (complexe) contexte académique dans lequel Saussure s’est formé, comment ses premières idées scientifiques sont nées et ont évolué et, enfin, comment ces idées ont modifié l’horizon théorique de la linguistique de son époque. Il s’agit d’un ouvrage essentiel et, en même temps, d’une forme fort intéressante de revisiter les vicissitudes inhérentes au changement de paradigme que, dans les dernières décennies du XIXe siècle, a signifié le passage entre la grammaire comparée et la linguistique générale, synchronique et structurale, à travers la purge théorico-méthodologique menée par les néogrammairiens et la consolidation de la dialectologie. Un processus que la pensée de Saussure, ébauchée dès 1878 dans le Mémoire, consolidée dans ses cours universitaires à Paris (1881-1891) puis à Genève (1891-1912) et couronnée par la publication (posthume) du CLG (1916), a largement contribué à élaborer. C’est ce parcours, précisément, que John Joseph retrace dans son ouvrage de 2012.

Par ce que j’appellerais un miracle à l’envers (fait curieux, surprenant et malheureux), la première traduction de cette œuvre a dû attendre dix ans pour paraître dans le monde. Ce n’est qu’en 2022 que la traduction de Nathalie Vincent-Arnaud a été publiée en français (Lambert-Lucas, 2022). Deux ans plus tard, la biographie de John Joseph paraît de l’autre côté de l’Atlantique, traduite cette fois en portugais brésilien par Bruno Turra.

Le travail de Turra est – j’ose répéter le qualificatif – monumental, basé sur l’original anglais mais en consultation constante avec l’édition française qui avait été relue par Joseph lui-même. L’édition portugaise ayant également bénéficié de la relecture de l’auteur, c’est cette édition qu’il faut considérer, et que John Joseph lui-même considère, comme « définitive ».

La publication de ce livre au Brésil est un événement qui ne passera pas inaperçu. Aucun pays (pas même la France, la Suisse ou l’Italie) ne rivalise actuellement avec le Brésil en termes de vitalité et de nombre de chercheurs et de groupes d’étude consacrés à l’œuvre de Saussure. La traduction de l’œuvre de John Joseph par Bruno Turra fera beaucoup de bien à la communauté. Elle doit être saluée comme un nouvel événement éditorial majeur pour le saussurianisme.


Estanislao SOFÌA
Universidad de Buenos Aires / CONICET

Ce texte, dans son original en portugais brésilien, vient d’être publié dans le dernier numéro de la revue Fragmentum.

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René Amacker (1942-2024)

 

Bologna 1973, Congrès International des Linguistes. Depuis la gauche : Tullio De Mauro, Daniele Gambarara, René Amacker, Rudolf Engler, Enzo Golino, Umberto Eco, Franco Lo Piparo.

[À] mon avis, c’est en partant de ce qu’il tirait de l’observation de la langue – c’est-à-dire des lois ou des « théorèmes » de la linguistique – que Saussure en est venu à postuler le cadre pour ainsi dire vide qu’est chez lui la sémiologie ; c’est que la sémiologie, une fois qu’elle aurait été constituée, devait simplement fonder et déterminer la linguistique, c’est-à-dire justement le point de départ de Saussure. Il me semble donc que, selon une reconstruction idéale de sa démarche, la sémiologie, définie au moyen des instruments conceptuels fournis par la linguistique (à un niveau N de la formalisation), était conçue en particulier pour fournir les instruments conceptuels (de niveau N–1 dans la formalisation) propres à définir formellement, parmi d’autres disciplines de niveau N, notamment la linguistique. J’attribue donc à un effet de la réflexivité la raison d’être de la sémiologie, qui ne sert visiblement à rien d’autre chez Saussure qu’à donner à la linguistique une caution scientifique dont la linguistique assure elle-même le financement. Si ces vues ne sont pas totalement chimériques, on conçoit que la sémiologie saussurienne en soit restée pour l’essentiel à l’état de projet : les moyens, notamment formels, qui auraient été indispensables à son développement échappaient à Saussure ; mais le seul fait qu’il en a postulé l’existence prouve, à mon sens, que son épistémologie était constructiviste. […]

Enfin, maintenant que les raisons scientifiques et non pas seulement personnelles de son ‘silence’ nous sont devenues intelligibles, on conçoit qu’il n’ait rien voulu publier : poussé par la contrainte de la langue (réalité mouvante et « sans analogue » qui longtemps parut lui échapper dans la mesure même où il pensait la saisir), Saussure s’est engagé sur un terrain épistémologique qui se dérobe sous vos pieds dès que vous y prenez pied.

Un mot pour finir. Tout ce que nous tirons des notes autographes et même des notes des cours de linguistique générale est foncièrement fragmentaire ; comme dans le cas d’Héraclite, les sources que nous lisons et interprétons sont évidemment insuffisantes à nous représenter pleinement l’état et l’évolution de la pensée saussurienne : les notes autographes indépendantes des cours sont anciennes et disparates ; quant aux cours, Saussure n’a pas pu leur donner la forme qui eût convenu à l’état de sa réflexion […]. Ainsi avons-nous été à jamais privés des idées que, fascinés nous-mêmes par l’épistémologie ‘héraclitéenne’ qu’il nous enseigne, nous cherchons chez lui, sans que nous puissions être assurés de les y trouver jamais : car seule une « méditation exclusive » de plusieurs mois, comme il le confiait à Léopold Gautier, lui aurait permis de leur donner forme, voire simplement de les faire exister.

Extrait de l’article « Saussure ‘héraclitéen’ : épistémologie constructiviste et réflexivité de la théorie linguistique », Linx 7 (1995), p. 27-28.

Une bibliographie partielle (1969-2004) de René Amacker, ancien Président du Cercle (1996-2002), se trouve dans Nouveaux regards sur Saussure. Mélanges offerts à René Amacker, éd. par Louis de Saussure, Genève : Droz, 2006, p. 25-32.


 
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Milano e Stawinski – O rastro do som em Saussure

Luiza Milano, Aline Vargas Stawinski, O rastro do som em Saussure. Prefácio por Carlos Alberto Faraco. São Leopoldo (RS), Editora Oikos, 2024, 129 p., ISBN 978-65-5974-185-4
Volume entièrement disponible sur le site de l’Éditeur.

Este livro é o resultado de um percurso de pesquisas, reflexões e publicações que brotaram no interior do grupo de pesquisa intitulado O rastrodo som em Saussure no ano de 2013, junto ao Programa de Pós-Graduação em Letras da Universidade Federal do Rio Grande do Sul.
Ao longo desses últimos dez anos, portanto, na tentativa de investigar o estatuto do aspecto fônico das línguas no pensamento de Ferdinand de Saussure, percebemos que essa tarefa não seria fácil. Afinal, apesar devárias pistas nos indicarem que o mestre genebrino de fato tenha dado destaque à face significante do signo linguístico em seus estudos, eram poucosos materiais a que tínhamos acesso, seja em português ou em língua estrangeira. […]
Para além do reconhecimento do interesse de Saussure pela materialidade fônica, o mergulho feito por nosso grupo de pesquisa nesses primeiros tempos trouxe também uma série de constatações não imaginadas em um primeiro momento de nossas investigações. Dentre essas constatações, listamos: a reflexão sobre o contraste entre concreto e abstrato, ao se lidar com entidades linguísticas; a profundidade da reflexão sobre o princípio do caráter arbitrário do signo linguístico; a discussão sobre a abrangência da noção de unidade linguística; as decisivas considerações sobre objeto e método no terreno da linguística sincrônica. Ou seja, conforme fomos, como grupo, avançando em nossas investigações, foram se apresentando a nós outras tantas questões no interior da própria teoria saussuriana, tal como deslocamentos a partir dela.
O aspecto fônico das línguas foi a porta de entrada que buscamos ao reler temáticas nada novas, quando se trata do campo dos estudos da linguagem. No entanto, o fônico produziu desvios e avanços inesperados. Emmeio a esses movimentos, vimos surgir inquietações acerca de outras materialidades que não a fônica. Assim, tudo que se disse sobre o som precisou, então, nas pesquisas sobre materialidades não fônicas, ser deslocado e pensado sobre a grafia, no caso da escrita e sobre o gesto, no caso de línguas de sinais.

Extrait de l’introduction, p. 9, 10.

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ICHoLS XVI (Tbilissi, 26-30 Août 2024) : la date limite approche

Nous sommes déjà le 1 mars, date limite pour envoyer une proposition de communication pour ICHoLS XVI, organisé par le Giorgi Akhvlediani Society for the History of Linguistics et l’Université d’État de Tbilissi.

La proposition se fait via easychair, à cette adresse : easychair.org/conferences/?conf=ichols16

Huit ateliers ouverts ont été organisés :

Pour de plus amples informations : ichols.org

Pour la meilleure recette de Khachapuri que nous avons trouvé : youtube.com/watch?v=8ROCm1ZD92Y

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« Traduire Saussure (2012) entre concepts, styles et histoire(s) »

Le prochain séminaire du Centre d’études de la traduction (CET, Université Paris Cité) met à l’honneur la biographie de Saussure publiée par John E. Joseph en 2012 et son avatar français (2021). Nathalie Vincent-Arnaud, la traductrice, reviendra sur son opération de transmutation de 794 pages écrites en anglais vers 808 pages écrites en français :

L’ouvrage de quelque 800 pages que John E. Joseph a consacré à Ferdinand de Saussure représente une somme inégalée dans le domaine des études saussuriennes. L’auteur y dévoile l’itinéraire tout à la fois intellectuel, familial et personnel de celui qui aura marqué d’un sceau indélébile l’histoire de la linguistique moderne mais aussi des sciences humaines et sociales dont il a permis l’essor. Ce volume abondamment documenté – à partir notamment de documents manuscrits de Saussure et d’autres membres de sa famille – est également l’occasion pour John E. Joseph de mettre en lumière une généalogie extrêmement riche, complexe et diversifiée au sein de laquelle se croisent, sur plusieurs siècles, artistes, scientifiques, explorateurs. L’exposé de la théorie saussurienne et de ce qui est venu la nourrir alterne avec des chapitres où se déploient très largement le propos de l’historien ainsi que l’art du biographe et du conteur. Je me propose de revenir sur mon parcours de traduction de ce volume en mettant au jour certains enjeux et défis qui rencontrent de nombreux aspects de la réflexion traductologique contemporaine en général et dans son rapport avec les sciences humaines.

Nathalie Vincent-Arnaud est professeur en études du monde anglophone à l’Université Toulouse-Jean Jaurès où ses domaines de spécialité sont la stylistique, la traduction, ainsi que les relations entre musique, danse et littérature. Elle est membre du CAS (Centre for Anglophone Studies) dont elle co-dirige un des axes. Elle a écrit une soixantaine d’articles et chapitres d’ouvrages dans ses domaines de recherche, dirigé ou co-dirigé une vingtaine d’ouvrages et de numéros de revue, et est co-autrice de deux ouvrages pédagogiques sur la stylistique et la traduction. Elle dirige la collection Amphi 7 aux Presses Universitaires du Midi ainsi que le programme de recherche interdisciplinaire « Musique et littérature : dialogues intersémiotiques ». Parmi ses traductions figurent de nombreux poèmes (de James A. Emanuel, Lotte Kramer, etc.) ainsi que plusieurs essais sur le style et le langage (notamment de Leo Spitzer), parus dans des ouvrages et des revues universitaires. Elle a également traduit les 3 ouvrages suivants : Kennaway, James, Mauvaises vibrations, ou la musique comme source de maladie : histoire d’une idée, Limoges, Lambert-Lucas, 2016, 240 pages ; Joseph, John E., Saussure, Limoges, Lambert-Lucas, 2021, 808 pages ; Poèmes choisis de Lotte Kramer, à paraître en 2024 chez Interstices éditions. Elle prépare une traduction de la pièce Kindertransport de Diane Samuels, à paraître aux Presses Universitaires du Mirail (collection Nouvelles Scènes).

Les coordonnées de l’événement :

Date : lundi 12 février, 18h00-20h00 (heure de Paris).
Lieu : Université Paris Cité, campus rive gauche, bâtiment Olympe de Gouges, amphi 1 (premier étage).
Lieu alternatif : Zoom.
(Pour participer au séminaire depuis le lieu alternatif, il faut s’inscrire auprès de l’organisateur Nicolas Frœliger nicolas.froeliger@u-paris.fr).

 

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Ethnolinguistique et anthropologie linguistique : colloque SHESL 2024

Tout est prêt pour le colloque SHESL 2024 Ethnolinguistique – Anthropologie linguistique : histoires et état des lieux : le programme et le livret des résumés sont en ligne (Saussure y fait coucou).
Organisé par Chloé Laplantine, Cécile Leguy et Valentina Vapnarsky, il se tiendra dans les locaux de l’amphithéâtre Turing, Bâtiment Sophie Germain, Université Paris Cité, entre le 31 janvier et le 2 février prochains.

L’inscription est gratuite, mais obligatoire : le comité d’organisation est joignable à l’adresse shesl2024@listes.u-paris.fr

Toutes les info sont sur le site du colloque : shesl.org/colloque-shesl-2024/

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