L’Assemblée Générale du Cercle Ferdinand de Saussure est convoquée le samedi 5 Octobre 2024 à 14 heures (heure de Genève), à l’Université de Genève, site Unimail, salle 4193.
La convocation officielle du Président du Cercle est disponible à ce lien.
Cette année, l’AG sera accompagnée d’une table ronde en souvenir de René Amacker (1942-2024), ancien Président du Cercle (1996-2002).
Colloque et AG sont publics, et seront accessibles à distance : un dispositif artisanal de téléportation sera mis en place. Attention ! Pour en profiter, il faut réserver sa place avant le 4 octobre en communiquant nom et courriel dans le formulaire ci-dessous :
La publication, en 2002, des Écrits de linguistique générale n’a pas seulement révélé des textes inédits de Saussure et fait découvrir à un large public des textes connus auparavant des seuls spécialistes. Elle a aussi suscité un important mouvement de traduction. Depuis 2002, tout ou partie des Ecrits ont été traduits en une quinzaine de langues (allemand, espagnol, portugais, roumain, serbe, polonais, italien, anglais, coréen, chinois, japonais, turc, arabe), et d’autres traductions sont actuellement en cours de préparation. Ces parutions s’ajoutent au nombre important de traductions du Cours de linguistique générale qui se sont échelonnées depuis un siècle (une cinquantaine dans plus d’une trentaine de langues). Or, la traduction des textes autographes de Saussure pose des problèmes nouveaux, distincts de ceux qu’ont affrontés les traducteurs du Cours de linguistique générale au XXe siècle. Traduire Saussure aujourd’hui c’est non seulement se confronter aux problèmes terminologiques et phraséologiques spécifiques posés par les textes du linguiste, mais c’est aussi tenir compte de l’histoire de la réception saussurienne et des acceptions terminologiques héritées des traductions antérieures du Cours de linguistique générale dans chaque langue cible. C’est à ces problèmes qu’est consacrée cette séance scientifique. Elle fera intervenir plusieurs chercheurs du laboratoire Histoire des Théories Linguistiques qui se concentreront sur ces problèmes de traduction dans des langues éloignées du français. En plus des traductions ukrainiennes et russes préparées actuellement au sein de l’équipe, y sera abordé le cas récent de la traduction chinoise des écrits saussuriens.
Présentation par Pierre-Yves Testenoire
Non confrères du laboratoire Histoire des Théories Linguistiques nous invitent à participer (en présentiel ou à distance) à cette séance scientifique portant sur un sujet de plus en plus chéri par les saussuriens. Toutes les info sont sur la page de l’événement ; présentation et résumés : par ici.
Programme :
14h00-14h15
Pierre-Yves Testenoire : Introduction
14h15-15h00
Oksana Prosianyk : Tentative de traduction conceptuelle en ukrainien de De l’essence double du langage de F. de Saussure
15h00-15h45
Denis Zolotukhin : Enjeux philologiques et terminologiques de la traduction en russe de l’édition des écrits saussuriens établie par René Amacker
15h45-16h00
Pause
16h00-16h45
Xiaoliang Luo : Quelques exemples de la traduction chinoise de la terminologie saussurienne dans les Écrits de linguistique générale
John E. Joseph, Saussure, traduzido para o português brasileiro do inglês (RU) por Bruno Turra. Apresentação para a edição brasileira por John E. Joseph. Campinas (SP), Editora da Unicamp, 2023, 904 p., ISBN 978-85-268-1621-3, R$ 198,00 Notice de l’Éditeur
La publication du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure (1916) marqua une étape décisive dans le destin de la linguistique moderne. Son influence dans les milieux (d’abord) européens, (puis) américains et (plus tard, à travers la caisse de résonance qu’a été le structuralisme français dans les années 1960) mondiaux, a été (elle l’est toujours) remarquable. A tel point qu’il est impossible de comprendre la configuration actuelle de la linguistique théorique sans se référer à ce livre – que Saussure n’avait pourtant pas entreprit de publier : il était décédé en 1913. Une histoire singulière, comme toutes les histoires, mais qui a donné naissance à un courant de pensée et d’étude hors pair, et qui ne cesse de croître.
Le XXe siècle a eu ses quatre ou cinq grands événements philologiques par rapport à ce qu’on a de bonne heure baptisé « linguistique saussurienne » : la publication des Sources Manuscrites de Robert Godel en 1957, l’édition critique de Rudolf Engler en 1967-1974, l’édition italienne de Tullio De Mauro en 1967, la découverte de manuscrits inédits en 1996, publiés en 2002 par Engler et Bouquet (conjointement avec d’autres manuscrits) dans les Écrits. En ce siècle déjà, la série des événements majeurs s’est poursuivi en 2012 avec la publication de la exceptionnelle biographie de John Joseph, discrètement intitulée Saussure, mais qui mérite d’être décorée d’un adjectif qui avait été traditionnellement réservé à l’édition critique d’Engler : la biographie de John Joseph est, autant ou plus que l’édition critique de 1967-74, « monumentale ».
Le livre, cela va de soit, ne se contente pas de recenser les aspects biographiques de Ferdinand de Saussure, mais, en les incluant, reconstruit, en clé historiographique, le (complexe) contexte académique dans lequel Saussure s’est formé, comment ses premières idées scientifiques sont nées et ont évolué et, enfin, comment ces idées ont modifié l’horizon théorique de la linguistique de son époque. Il s’agit d’un ouvrage essentiel et, en même temps, d’une forme fort intéressante de revisiter les vicissitudes inhérentes au changement de paradigme que, dans les dernières décennies du XIXe siècle, a signifié le passage entre la grammaire comparée et la linguistique générale, synchronique et structurale, à travers la purge théorico-méthodologique menée par les néogrammairiens et la consolidation de la dialectologie. Un processus que la pensée de Saussure, ébauchée dès 1878 dans le Mémoire, consolidée dans ses cours universitaires à Paris (1881-1891) puis à Genève (1891-1912) et couronnée par la publication (posthume) du CLG (1916), a largement contribué à élaborer. C’est ce parcours, précisément, que John Joseph retrace dans son ouvrage de 2012.
Par ce que j’appellerais un miracle à l’envers (fait curieux, surprenant et malheureux), la première traduction de cette œuvre a dû attendre dix ans pour paraître dans le monde. Ce n’est qu’en 2022 que la traduction de Nathalie Vincent-Arnaud a été publiée en français (Lambert-Lucas, 2022). Deux ans plus tard, la biographie de John Joseph paraît de l’autre côté de l’Atlantique, traduite cette fois en portugais brésilien par Bruno Turra.
Le travail de Turra est – j’ose répéter le qualificatif – monumental, basé sur l’original anglais mais en consultation constante avec l’édition française qui avait été relue par Joseph lui-même. L’édition portugaise ayant également bénéficié de la relecture de l’auteur, c’est cette édition qu’il faut considérer, et que John Joseph lui-même considère, comme « définitive ».
La publication de ce livre au Brésil est un événement qui ne passera pas inaperçu. Aucun pays (pas même la France, la Suisse ou l’Italie) ne rivalise actuellement avec le Brésil en termes de vitalité et de nombre de chercheurs et de groupes d’étude consacrés à l’œuvre de Saussure. La traduction de l’œuvre de John Joseph par Bruno Turra fera beaucoup de bien à la communauté. Elle doit être saluée comme un nouvel événement éditorial majeur pour le saussurianisme.
Estanislao SOFÌA Universidad de Buenos Aires / CONICET
Ce texte, dans son original en portugais brésilien, vient d’être publié dans le dernier numéro de la revue Fragmentum.
[À] mon avis, c’est en partant de ce qu’il tirait de l’observation de la langue – c’est-à-dire des lois ou des « théorèmes » de la linguistique – que Saussure en est venu à postuler le cadre pour ainsi dire vide qu’est chez lui la sémiologie ; c’est que la sémiologie, une fois qu’elle aurait été constituée, devait simplement fonder et déterminer la linguistique, c’est-à-dire justement le point de départ de Saussure. Il me semble donc que, selon une reconstruction idéale de sa démarche, la sémiologie, définie au moyen des instruments conceptuels fournis par la linguistique (à un niveau N de la formalisation), était conçue en particulier pour fournir les instruments conceptuels (de niveau N–1 dans la formalisation) propres à définir formellement, parmi d’autres disciplines de niveau N, notamment la linguistique. J’attribue donc à un effet de la réflexivité la raison d’être de la sémiologie, qui ne sert visiblement à rien d’autre chez Saussure qu’à donner à la linguistique une caution scientifique dont la linguistique assure elle-même le financement. Si ces vues ne sont pas totalement chimériques, on conçoit que la sémiologie saussurienne en soit restée pour l’essentiel à l’état de projet : les moyens, notamment formels, qui auraient été indispensables à son développement échappaient à Saussure ; mais le seul fait qu’il en a postulé l’existence prouve, à mon sens, que son épistémologie était constructiviste. […]
Enfin, maintenant que les raisons scientifiques et non pas seulement personnelles de son ‘silence’ nous sont devenues intelligibles, on conçoit qu’il n’ait rien voulu publier : poussé par la contrainte de la langue (réalité mouvante et « sans analogue » qui longtemps parut lui échapper dans la mesure même où il pensait la saisir), Saussure s’est engagé sur un terrain épistémologique qui se dérobe sous vos pieds dès que vous y prenez pied.
Un mot pour finir. Tout ce que nous tirons des notes autographes et même des notes des cours de linguistique générale est foncièrement fragmentaire ; comme dans le cas d’Héraclite, les sources que nous lisons et interprétons sont évidemment insuffisantes à nous représenter pleinement l’état et l’évolution de la pensée saussurienne : les notes autographes indépendantes des cours sont anciennes et disparates ; quant aux cours, Saussure n’a pas pu leur donner la forme qui eût convenu à l’état de sa réflexion […]. Ainsi avons-nous été à jamais privés des idées que, fascinés nous-mêmes par l’épistémologie ‘héraclitéenne’ qu’il nous enseigne, nous cherchons chez lui, sans que nous puissions être assurés de les y trouver jamais : car seule une « méditation exclusive » de plusieurs mois, comme il le confiait à Léopold Gautier, lui aurait permis de leur donner forme, voire simplement de les faire exister.
Luiza Milano, Aline Vargas Stawinski, O rastro do som em Saussure. Prefácio por Carlos Alberto Faraco. São Leopoldo (RS), Editora Oikos, 2024, 129 p., ISBN 978-65-5974-185-4 Volume entièrement disponible sur le site de l’Éditeur.
Este livro é o resultado de um percurso de pesquisas, reflexões e publicações que brotaram no interior do grupo de pesquisa intitulado O rastrodo som em Saussure no ano de 2013, junto ao Programa de Pós-Graduação em Letras da Universidade Federal do Rio Grande do Sul. Ao longo desses últimos dez anos, portanto, na tentativa de investigar o estatuto do aspecto fônico das línguas no pensamento de Ferdinand de Saussure, percebemos que essa tarefa não seria fácil. Afinal, apesar devárias pistas nos indicarem que o mestre genebrino de fato tenha dado destaque à face significante do signo linguístico em seus estudos, eram poucosos materiais a que tínhamos acesso, seja em português ou em língua estrangeira. […] Para além do reconhecimento do interesse de Saussure pela materialidade fônica, o mergulho feito por nosso grupo de pesquisa nesses primeiros tempos trouxe também uma série de constatações não imaginadas em um primeiro momento de nossas investigações. Dentre essas constatações, listamos: a reflexão sobre o contraste entre concreto e abstrato, ao se lidar com entidades linguísticas; a profundidade da reflexão sobre o princípio do caráter arbitrário do signo linguístico; a discussão sobre a abrangência da noção de unidade linguística; as decisivas considerações sobre objeto e método no terreno da linguística sincrônica. Ou seja, conforme fomos, como grupo, avançando em nossas investigações, foram se apresentando a nós outras tantas questões no interior da própria teoria saussuriana, tal como deslocamentos a partir dela. O aspecto fônico das línguas foi a porta de entrada que buscamos ao reler temáticas nada novas, quando se trata do campo dos estudos da linguagem. No entanto, o fônico produziu desvios e avanços inesperados. Emmeio a esses movimentos, vimos surgir inquietações acerca de outras materialidades que não a fônica. Assim, tudo que se disse sobre o som precisou, então, nas pesquisas sobre materialidades não fônicas, ser deslocado e pensado sobre a grafia, no caso da escrita e sobre o gesto, no caso de línguas de sinais.
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