Variétés

Petits articles et contributions par les membres du Comité du Cercle (ou pas).

« Traduire Saussure (2012) entre concepts, styles et histoire(s) »

Le prochain séminaire du Centre d’études de la traduction (CET, Université Paris Cité) met à l’honneur la biographie de Saussure publiée par John E. Joseph en 2012 et son avatar français (2021). Nathalie Vincent-Arnaud, la traductrice, reviendra sur son opération de transmutation de 794 pages écrites en anglais vers 808 pages écrites en français :

L’ouvrage de quelque 800 pages que John E. Joseph a consacré à Ferdinand de Saussure représente une somme inégalée dans le domaine des études saussuriennes. L’auteur y dévoile l’itinéraire tout à la fois intellectuel, familial et personnel de celui qui aura marqué d’un sceau indélébile l’histoire de la linguistique moderne mais aussi des sciences humaines et sociales dont il a permis l’essor. Ce volume abondamment documenté – à partir notamment de documents manuscrits de Saussure et d’autres membres de sa famille – est également l’occasion pour John E. Joseph de mettre en lumière une généalogie extrêmement riche, complexe et diversifiée au sein de laquelle se croisent, sur plusieurs siècles, artistes, scientifiques, explorateurs. L’exposé de la théorie saussurienne et de ce qui est venu la nourrir alterne avec des chapitres où se déploient très largement le propos de l’historien ainsi que l’art du biographe et du conteur. Je me propose de revenir sur mon parcours de traduction de ce volume en mettant au jour certains enjeux et défis qui rencontrent de nombreux aspects de la réflexion traductologique contemporaine en général et dans son rapport avec les sciences humaines.

Nathalie Vincent-Arnaud est professeur en études du monde anglophone à l’Université Toulouse-Jean Jaurès où ses domaines de spécialité sont la stylistique, la traduction, ainsi que les relations entre musique, danse et littérature. Elle est membre du CAS (Centre for Anglophone Studies) dont elle co-dirige un des axes. Elle a écrit une soixantaine d’articles et chapitres d’ouvrages dans ses domaines de recherche, dirigé ou co-dirigé une vingtaine d’ouvrages et de numéros de revue, et est co-autrice de deux ouvrages pédagogiques sur la stylistique et la traduction. Elle dirige la collection Amphi 7 aux Presses Universitaires du Midi ainsi que le programme de recherche interdisciplinaire « Musique et littérature : dialogues intersémiotiques ». Parmi ses traductions figurent de nombreux poèmes (de James A. Emanuel, Lotte Kramer, etc.) ainsi que plusieurs essais sur le style et le langage (notamment de Leo Spitzer), parus dans des ouvrages et des revues universitaires. Elle a également traduit les 3 ouvrages suivants : Kennaway, James, Mauvaises vibrations, ou la musique comme source de maladie : histoire d’une idée, Limoges, Lambert-Lucas, 2016, 240 pages ; Joseph, John E., Saussure, Limoges, Lambert-Lucas, 2021, 808 pages ; Poèmes choisis de Lotte Kramer, à paraître en 2024 chez Interstices éditions. Elle prépare une traduction de la pièce Kindertransport de Diane Samuels, à paraître aux Presses Universitaires du Mirail (collection Nouvelles Scènes).

Les coordonnées de l’événement :

Date : lundi 12 février, 18h00-20h00 (heure de Paris).
Lieu : Université Paris Cité, campus rive gauche, bâtiment Olympe de Gouges, amphi 1 (premier étage).
Lieu alternatif : Zoom.
(Pour participer au séminaire depuis le lieu alternatif, il faut s’inscrire auprès de l’organisateur Nicolas Frœliger nicolas.froeliger@u-paris.fr).

 

Publié par giuseppe d'ottavi dans Événements, Variétés

« Elle n’est pas un vêtement, mais un travestissement » (CLG, p. 52)

Pour ceux qui préfèrent ne pas adhérer à la motion Flanagin, voici une sélection idées cadeaux pour faire bonne impression sur les amis ou collègues saussuriens :

Bonnes Fêtes de la part du Comité du Cercle Ferdinand de Saussure !

Publié par giuseppe d'ottavi dans Variétés

Toujours 25 novembre

La Ville de Genève vient de recevoir une collection de peintures d’un intérêt tout spécial, léguées par leur auteur, Mlle Elise-Catherine Müller, plus connue du monde scientifique sous le pseudonyme d’Hélène Smith. On se rappelle qu’Hélène Smith fut le médium qui servit de sujet à notre célèbre concitoyen, le prof. Th. Flournoy, pour ses belles recherches psychologiques, et qui lui fournit la matière de plusieurs ouvrages devenus classiques, en particulier de celui qui est intitulé : « Des Indes à la planète Mars ».
Ces peintures ont été exécutées en état de transe hypnotique et sont bien connues des spécialistes qui les ont étudiées en de nombreux articles scientifiques. Le Musée d’art et d’histoire les expose dès maintenant pendant quelques jours, dans la salle d’exposition de la section des arts décoratifs, non pour leur valeur esthétique, mais uniquement pour leur intérêt psychologique. Elles seront ensuite déposées au Laboratoire de psychologie de l’Université de Genève.
Le Musée est ouvert tous les jours, de 14 h. à 16 h. 30. Jeudi et dimanche, de 10 h. à midi et de 14 h. à 16 h. 30.

Dans cet article, paru dans le Journal de Genève du dimanche 3 novembre 1929 (p. 8), il n’y a que très peu à rectifier :
– l’expo (Élise Müller/Hélène Smith. Médium, artiste) a déménagé : maintenant, elle se trouve à la Bibliothèque de Genève ;
– on peut désormais compter sur une vidéo de présentation et sur des très beaux articles postés sur le blog de la BGE ;
– les horaires d’ouverture ont légèrement changé : l’expo est ouverte du lundi au vendredi de 9h à 18h, le samedi de 9h à 12h.

Le dernier jour pour visiter l’expo, lui, est toujours le 25 novembre.

Publié par giuseppe d'ottavi dans Événements, Variétés

The Signified of Life

Il y a quarante ans, le 31 mars 1983, au Rivoli Theatre de Broadway, l’un des plus grands et des plus anciens cinémas de New York, a eu lieu la première de Monty Python’s The Meaning of Life (Monty Python : Le Sens de la vie). Le même jour, le critique du New York Times Vincent Canby écrivait : « The Meaning of Life des Monty Python’s est un spectacle monumental, le Ben Hur des films à sketches, ce qui signifie qu’il est un peu disproportionné, un peu comme si l’on construisait le pont de Brooklyn pour traverser une baignoire ».
Dans un entretien de 2013, Terry Jones, réalisateur du film, raconte que l’idée du sketch d’ouverture du long-métrage, dans lequel six poissons de l’aquarium d’un grand restaurant se souhaitent à plusieurs reprises le bonjour, remonte à ses années oxoniennes, lorsque, pendant le cours de linguistique, le professeur avait lu en classe le passage du Cours sur l’identité synchronique :

Lorsque, dans une conférence, on entend répéter à plusieurs reprises le mot Messieurs !, on a le sentiment qu’il s’agit chaque fois de la même expression, et pourtant les variations de débit et l’intonation la présentent, dans les divers passages, avec [151] des différences phoniques très appréciables — aussi appréciables que celles qui servent ailleurs à distinguer des mots différents (cf. pomme et paume, goutte et je goûte, fuir et fouir, etc.) ; en outre, ce sentiment de l’identité persiste, bien qu’au point de vue sémantique non plus il n’y ait pas identité absolue d’un Messieurs ! à l’autre, de même qu’un mot peut exprimer des idées assez différentes sans que son identité soit sérieusement compromise (cf. « adopter une mode » et « adopter un enfant », la fleur du pommier » et « la fleur de la noblesse », etc.).

F. de Saussure, Cours de linguistique générale, Deuxième partie – La Linguistique synchronique. Chapitre III. Identités, réalités, valeurs, p. 150-151

Publié par giuseppe d'ottavi dans Événements, Variétés

Kokoszynski – « Exploding the Sign from Within: Paradoxes of Post-Structuralist Epistemology in Adieu au Langage »

Patrick Kokoszynski, « Exploding the Sign from Within: Paradoxes of Post-Structuralist Epistemology in Adieu au Langage », Senses of Cinema 100 [Forms That Think: Jean-Luc Godard] (January 2022).
Article disponible en ligne à ce lien.

As a film-structuralist Godard in many ways performs Metzian ideas in his works. Consciously disavowing the conventions of narrative cinema, he achieves an unprecedented formal freedom and a density of coexisting cinematic codes that go hand in hand with his formal innovations. Yet as shown above, Godard’s method as a filmmaker is still governed by a textual logic which in a way literalises Metz’ claims about cinema as langage as constituted by shots as linguistic units. In this context it is not surprising that the fantasy about overcoming the limits of verbal understanding of the image already surfaces in Godard’s 1978 Montreal lectures.
At the heart of Godard’s graphomania there is the constant desire to overcome the image as a linguistic unit, not by way of a minimalist subtraction of meaning from the images, but by exploding the sign from within and breaking through the code to reestablish a new relationship between signifier and signified. Goodbye to Language indeed.

Extrait de l’article.

Publié par giuseppe d'ottavi dans Variétés